Jean-Jasques Rousseau
La vie
Né dans la république calviniste de Genève, Rousseau - orphelin dès sa naissance, mène une enfance vagabonde auprès d'un père fantasque qui l'a mis en apprentissage à 12 ans. Agé de 16 ans, un curé le recueille et l'envoie à Annecy chez Mme de Warens, jeune pieuse qui venait en aide aux jeunes protestants. C était une rencontre inoubliable, auprès d'elle il a passé sa jeunesse et il l'a appelle ,,Maman". Plus tard il retrouve Mme de Warens et effectue auprès d'elle 2 séjours aux Charmettes, près de Chambèry, où il connaît le ,,court bonheur" de son existence.
En 1742, Rousseau part à Paris, muni d'un projet concernant le système de notation musicale. Il rencontre le monde littéraire, Marivaux, Fontenelle et Diderot et la société brillante de la capitale.
Le séjour à Venise suscite en lui une amerture profonde, source des condamnations, qu'il portait plus tard contre l'ordre social de son siècle.
En 1745 il se lie avec une lingère, Thérèse Levasseur qui lui adonné 5 enfants déposés à l'orphelinat des Enfants Trouvés. Et il continue à développer ses relations mondaines. Ami de Diderot, Condillac, Grimm, Mme d'Épinay, d'Holbach et d'Alembert, il rédige pour l'Encyclopédie les articles de musique.
La rédaction des Discours sur les Sciences et les Arts est un moment clé dans la vie de Rousseau. 11 devient célèbre mais méprise l'éclatant succès de son oeuvre. Soucieux de mettre sa vie en accord avec ses théories, il s'éloigne du monde et entreprend une ,,réforme morale". Son caractère ombrageux commence à le brouiller avec ses amis philosophes qui jugent artificiel son Discours sur l'inégalité. De retour à Paris en 1756, Rousseau accepte l'hospitalité de Mme d'Épinay à I'Hermitage où il s'éprend de Mme d'Houdetot.
Son caractère ombrageux le brouille successivement avec Voltaire, puis avec Grimm, Diderot et d'Alembert. En 1759 il s'installe à Montmorency où il compose ses 3 grands oeuvres - La Nouvelle Héloïse (inspirée par Mme d'Houdetot), Du contrat social et l'Emile.
En 1762 le Parlement de Paris condamne l'Emile. Rousseau s'enfuit en Suisse, mais ses oeuvres sont brûlées publiquement à Genève. Après un bref moment à l'île de Saint-Pierre, il part en Angleterre.
Rousseau a connu une succession d'aventures pitoyables qui le bouleversent. Contre ce qu'il croît une conspiration universelle, il se justifie en écrivant ses Confessions. Ses dernières années se passent à Paris ou il partage sa vie entre la botanique et les promenades. Il meurt en 1778 à Ermenonville. Ses cendres étaient transférés au Panthéon par la Convention en 1794.
L'oeuvre
Discours sur les Sciences et les Arts (1750)
Cette oeuvre a offert à Rousseau l'occassion d'aller à contre-courant des idées de l'époque - il rassemble les premiers éléments d'une philosophie opposant la nature et la culture, la vertu et la civilisation. La thèse paradoxale défendue par Rousseau, c'est l'antagonisme entre la civilisation et la vertu. Il dit que les sciences et les arts sont responsables de la décadence des moeurs et de l'hypocrisie mondaine, il affirme la vanité des connaissances, l'inutilité des philosophes, la nocivité de luxe et les risques de toute éducation enseignant autre chose que la vertu.
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1762)
Rousseau ne se borne plus à déclamer contre la déchéance des hommes: pour lui, l'homme est naturellement bon et c'est avec la société qu'apparaît le mal, identifiable à l'inégalité.
La première partie du Discours décrit l'homme primitif dans l'état de nature, antérieur à l'institution de la société. La seconde partie étudie le moment où apparaît le mal, c'est-à-dire l'inégalité provoquée par la propriété: l'homme est dénaturé par la société qui n'est qu'un pacte d'association au profit des riches. Du Contrat social (1762)
Après la réflexion morale sur les méfaits de la civilisation, Rousseau en vient à des proposition politiques: il veut assurer le salut des hommes, mais aussi celui des nations. Si l'homme, pense-t-il, a perdu, avec le passage à l'état social, la liberté et la jouissance de tous les biens, on peut réformer la société de telle manière qu'il y retrouve - sinon ses avantages naturels à jamais disparus, du moins leur équivalent. Emile (1762)
En général, Rousseau suppose que l'homme est bon et c'est la société qui l'a corrompu. Emile ou de l'éducation s'ouvre sur un rappel de cette pensée: ,,Tout est bien sortant des mains de l'auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l'homme".
5 livres correspondent à chaque étape de la croissance d'Emile, élève imaginaire, que Rousseau fait vivre à la campagne en la seule compagnie de son précepteur, pour le soustraire à l'influence de la famille et de la tradition sociale. L'enfant jusqu'à 5 ans (Livre I) doit s'épanouir librement en prenant contact avec le monde par les sens et en s'accoutumant à la peur. La phase suivante de l'éducation, de 5 à 12 ans (Livre II) laisse l'enfant Jouir de son enfance" et d'une "liberté bien réglée" selon son âge: on le tient à l'abri de toute instruction intellectuelle. La formation entre 12 et 15 ans (Livre III) associe l'apprentissage d'un métier manuel aux leçons de choses qui développent l'intelligence. Emile est alors prêt (Livre IV) à découvrir toutes les formes de la relation avec les autres: sexualité, sociabilité, moralité, religion. Le Livre V décrit le portrait de Sophie, compagne idéale d'Emile, qui doit être une femme agréable, une épouse vertueuse et une bonne maîtresse de maison: l'égalité entre l'homme et la femme constitue pour Rousseau un démenti à la nature.
Les Confessions (1765 -1770, édition posthume d'après sa volonté 1782 - 1789)
Les 6 premiers livres des Confessions (entièrement il y en a 12) racontent l'enfance et la jeunesse de Rousseau jusqu'en 1740, date de son départ pour Paris. Après l'évocation poétique de ses premières années, l'auteur raconte son émerveillement quand, après une adolescence vagabonde, il rencontre Mme de Warens, qui deviendra pour lui une mère et une amante, et dont l'image domine l'ouvrage.
Le terme implique pour lui aveux et remords: il reconnaît successivement son gout des plaisirs masochistes: sa fuite à Lyon où il a abandonné dans une rue son professeur de musique-victime d'une crise d'épilepsie, l'abandon de ses 5 enfants, les retrouvailles avec Mme de Warens qu'il laissera dans la misère. Il raconte pour se disculper comment une punition imméritée lui a fait éprouver à 11 ans la révélation traumatisante de l'injustice. Sa vie toute entière a été marquée par une série de ruptures où il voit l'origine de ses malheurs. En accusant le monde, il se présente finalement comme une victime de la fatalité et d'un complot qui a assombri son existence, l'a condamné à l'isolement , puis à la fuite.
Les principes politiques de Rousseau
La réflexion politique est liée à l'idée que Rousseau se fait de la liberté. Soucieux de préserver les hommes de toute dépendance personnelle, il voit dans la force des lois la seule garantie contre les relations à' autorité qu`entraînent toujours Y arbitraire et la domination, et soutient que le citoyen demeure parfaitement libre. La "souveraineté", c'est-à-dire l'autorité politique, découle de la "volonté générale" et réside essentiellement dans le peuple. Elle ne peut s'aliéner. Si un peuple laisse un homme lui imposer sa volonté personnelle, il n'y a plus de peuple ni de gouvernants, mais un maître et des esclaves. . La volonté générale peut seule diriger les forces de l'État. Le gouvernement constitue seulement un pouvoir subordonné au pouvoir souverain, c'est-à-dire au peuple qui lui confie seulement l'administration de l'État. Si ce gouvernement impose sa propre volonté, le pacte social est rompu ,,et tous les simples citoyens, rentrés de droit dans leur liberté naturelle, sont forcés, mais non pas obligés d'obéir". On comprend dès lors l'impact antimonarchiste d'un traité qui conteste implicitement la souveraineté des rois et ne considère comme légitime que la démocratie.
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