Cette activité (contemplative) est par elle-même la plus élevée de ce qui est en nous; l'esprit occupe la première place; et, parmi ce qui relève de la connaissance, les questions qu'embrasse l'esprit sont les plus hautes. Ajoutons aussi que son action est la plus continue; il nous est possible de nous livrer à la contemplation d'une façon plus suivie qu'à une forme de l'action pratique... Ce qui est propre à l'homme, c'est donc la vie de l'esprit, puisque l'esprit constitue essentiellement l'homme. Une telle vie est également parfaitement heureuse.
Aristote, Ethique de Nicomaque
„Une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’une seule journée de soleil ; de même ce n’est ni un seul jour ni un court intervalle de temps qui font la félicité et le bonheur.“
„Plus notre faculté de contempler se développe, plus se développent nos possibilité de bonheur et cela, non par accident, mais en vertu même de la nature de la contemplation. Celle-ci est précieuse par elle-même, si bien que le bonheur, pourrait-on dire, est une espèce de contemplation.“
"S'il n'y a de nos activités quelques fin, que nous souhaitons pour elle-même, tout le reste n'étant souhaité seulement que pour elle, il est clair que cette fin ne saurait être que le bien, le souverain bien"
Ce que veut dire Aristote c’est que le bonheur, en tant que bien, n’est pas un moment de plaisir ; que le plaisir ne peut constituer le critère de moralité de nos actions parce qu’il est trop tributaire de ce qui survient et passe. Le plaisir passe mais le bonheur reste (une fois acquis). En fait, quel est le but de l’homme ? Pour Aristote le but de l’homme est la vie heureuse, le « bien vivre », ce que tout le monde appelle le bonheur. Mais c’est quoi le bonheur ? Là, on n'est plus d’accord entre nous, certains voient le bonheur dans les biens matériels, d’autres dans les honneurs, d’autres (plus rares ?) dans une vie de contemplation. Qui a raison, qui a tort ? Aristote reconnaît dans une certaine mesure que les biens matériels ou les honneurs peuvent être des conditions au bonheur humain, mais dans une certaine mesure seulement car pour lui le vrai bonheur est celui que procure l’exercice de la plus haute faculté en nous : l'intellect.
Là où Aristote nous fait chaud au cœur c’est qu’il est bien conscient que l’homme n’est pas Dieu et que donc il ne peut pas négliger les fonctions inférieures à celle de l’intellect, après tout seul Dieu est intellect pur ! Le bonheur est le Souverain Bien, on est tous d’accord, mais pourquoi est-ce un souverain bien ? Aristote nous dit que c’est parce qu’il est une fin qui se suffit à elle-même, « nous le choisissons toujours pour lui-même et pas en vue d’autre chose ». Le bonheur est donc la fin ultime de nos actions. Cette fin ne peut consister que dans une activité excellente, et l’activité la plus excellente pour l’homme est celle par où « il accomplit sa nature et réalise son essence ». Si j’avais été sympathique et bref je vous aurais juste dit : la fin de l’homme, c’est le bonheur, le bonheur est le Bien Suprême, et le Bien Suprême de l’homme, c’est d’accomplir la tâche qui lui est essentielle (mais ça aurait été trop facile).
Tout ça c’est bien joli, mais reste à savoir ce qu’est cette fonction propre de la nature humaine. L’homme se distingue des plantes et des animaux par la fonction rationnelle de son âme, donc la fonction propre de l’homme « consiste dans une activité de l’âme conforme à la raison ». En clair ça veut dire dans une activité pratique morale où les actions s’accompagnent de raisons. Aristote conclut donc que le Souverain Bien consiste dans une activité raisonnable et vertueuse. Le bonheur parfait réside dans une vie contemplative, pour lui la fonction propre de l’homme consiste dans l’exercice de sa pensée (dans l’activité de l’intellect). Notons encore que le bonheur doit toujours être envisagé comme acte et pas comme terme de l’action (une sorte d’état de repos) ; car la perfection n’est jamais dans le repos mais toujours dans un acte qui réalise l’essence. Vie contemplative mais vie active !
Sachons encore que tout le monde n’est pas apte au bonheur, certes il est accessible au plus grand nombre mais Aristote nous dit que, par exemple, l’absence de beauté (considéré comme un bien extérieur) peut être un obstacle au bonheur… mais rassurez-vous, à notre époque existe la chirurgie esthétique (il faut le reconnaître, domaine médical dont les résultats étaient mitigés dans l’antiquité…)
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